Audition de la BCEE à la Chambre des Députés.
Ce vaudeville vaut de l’or.
Le Luxembourg vit l’affaire Caritas comme une soirée à l ’opérette, avec
une légèreté à toute épreuve. On a volé 61 millions d’euros, mais personne
n’est fâché. Comme dans l’opérette où un Robin Hood sympa déleste un minable
millionnaire de son fric. Quoiqu’ici c’est le contraire : des vilains ont volé
l’argent des pauvres.
Le public, décontracté, sait qu’il s’agit de quelque chose de mauvais et
que les acteurs principaux se surpassent pour ne pas se montrer embarrassés. On
cache quelque chose, l’enquête se poursuit mais n’avance pas, survient le
gendarme de la place financière qui dresse procès-verbal pour 5 millions, mais,
on ne dira mot à personne.
Le 5 mai dernier il y avait bien une enquête à la Chambre des Députés. Le Comité
exécutif de la BCEE et à travers eux les chefs politiques avaient bien coordonné
leur position et leurs réponses.
En résumé, on ment mais parce qu’on est obligé. Tous les menteurs vous confirmeront cela. Ce n’était pas nous, mais Caritas. Ce genre de client est unique et présente des angles morts. Des angles donc grands ouverts, où se mettent facilement 61 millions pour un défilé de transferts qui a duré 6 mois. Nous n’avons pas fait de mal ! Donc plutôt du bien ? Ce n’est qu’une petite amende, 5 millions comme le standard international préconise, sauf dans les autres pays. Mais maintenant on peut mentionner l’amende en passant. Plus cette contrainte de mentir, d’esquiver et de se voiler ! Et nous insistons pour nous louer nous-mêmes pour notre excellente coopération avec la CSSF, qui du reste a le même patron que nous. Et parlons des progrès en matière AML/KYC depuis ce petit accident. Plus de progrès en ces 12 mois depuis le scandale, que pendant toutes ces 25 années de vie sous la contrainte du GAFI !
Pour les amis de la transparence, voici les questions que comme professionnel de AML/KYC je me pose :
- · Quels droits de regard avait le gouvernement sur Caritas,
alors qu’une grande partie du budget de l’ONG provenait du budget de l’état ?
- · La banque insiste que l’amende adresse des failles constatées
dans le dispositif AML/KYC et que ce n’est pas spécifiquement le cas Caritas
qui est visé ? N’est-ce pas la raison de l’audit de la CSSF ?
- · La dissimulation de l’amende dans le hearing du 5 mai est
justifié par le secret bancaire. Même face aux élus du peuple enquêtant sur un
crime dans la Spuerkeess qui appartient au peuple comme ultime propriétaire ?
Comment justifier cela ?
- · Le ministre et le premier ministre étaient-ils au courant
ou non de la situation au 5 mai ? Attention, il ne faut pas (plus) mentir.
- · La banque a vérifié les transactions avec Caritas et tout
était normal ? L’envergure de la fraude et le nombre inhabituel de
transactions auraient dû déclencher une alerte. Dans tous les pays du monde qui
adhèrent aux mêmes critères de conformité du GAFI, la réaction normale et encouragée
est d’alerter l’autorité en charge de lutter contre le blanchiment et le
financement du terrorisme. Au Luxembourg c’est la CRF qui reçoit et enquête sur
les déclarations d'opérations suspectes provenant des professionnels du secteur
privé. Y a-t-il eu de telles déclarations de la part de la banque en 2024 ?
- · Les angles morts dans le financement des ONG sont bien
compris, car ce sont ces angles morts qui sont utilisés assez fréquemment pour
le financement du terrorisme, souvent a l’insu de l’ONG. Il faut donc une
surveillance soutenue.
- · On a pris des mesures correctives pour regagner la
confiance du public. C’est un chantier qui dure au moins depuis 2018 quand des
insuffisances étaient reportées.
- · L’argent des pauvres a disparu. Où sont les excuses de
la banque et de l’échelon politique ? Le contribuable comme ultime propriétaire
paye la note de 61 millions. Non seulement cette note-là, mais aussi l’amende de
5 millions, après quoi tout le monde en charge s’en lave les mains.
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